Espace 3°

Ernest Pignon Ernest

Par JEAN PHILIPPE BONNAFOUX, publié le vendredi 19 octobre 2012 13:31 - Mis à jour le vendredi 19 octobre 2012 13:31

     

 

 

 

ERNEST PIGNON ERNEST

« Derrière la vitre »

série des cabines téléphoniques

 

 

Avec la série des cabines, Ernest Pignon Ernest utilise l'espace clos et vitrée des cabines téléphoniques des villes de Lyon et de Paris, dans lesquelles il colle les dessins de personnages debout, accroupis ou assis, confrontés à leur solitude, leur enfermement, dans un lieu qui est pourtant paradoxalement dévolu à la communication. Ces cages de verre sur lesquelles se reflètent les lumières de la ville ( les sites ont été soigneusement choisis par l'artiste en raison justement de leur environnement lumineux) deviennent alors tout à la fois des matériaux plastiques et des espaces théâtraux ou se jouent des tragédies personnellles.

 

Pour réaliser ses œuvres, EPE a souvent recours à du papier fin assez pauvre. Exposées à l'extérieur, ses œuvres évoluent avec le temps. Elles sont dégradées peu à peu par les intempéries et l'intervention des spectateurs. Ce sont donc autant des dessins éphémères qui réhabilitent pour un temps la mémoire et la charge symbolique d'un lieu ou d'un groupe social, et qui vivent au rythme des gens qui les croisent. L' œuvre elle même, n'ayant qu'une existence éphémère et provisoire, ce sont les nombreux dessins préparatoires ainsi que les photos des oeuvres réalisées in-situ qui témoigneront de son existence.

 

«  Mes sérigraphies sont imprimées sur du papier journal, chute de rotative. Quand on rencontre dans la rue cette pauvreté, cette vulnérabilité du papier est évidente. Même implicitement, quand on découvre le dessin, on en perçoit le caractère éphémère, la fragilité. Sa disparition est inscrite dans l 'image même, elle est comme une composante même du dessin. Si le dessin a ému, la perception simultanée de sa disparition programmée doit la rendre plus troublante. » EPE